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Rétro-viseur : Possession (1980)

Habituellement dans la rubrique Rétro-viseur, nous avons toujours recopié des articles entiers de plume et/ou  des avis que nous jugions pertinents. Mais aujourd'hui, nous publierons deux extraits de critique. La première sera du journaliste Jean-Luc Douin (auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma dont Les Films à scandales) tandis que le second donnera la parole à Max Tessier.

Deux avis valant mieux qu'un, nous avons décidé de mettre en avant ces deux courts textes car Douin et Tessier réussissent en quelques lignes à dire, tout le bien qu'ils pensent du film, mais surtout à recréer ce voile de mystère propre au grand film. Et Possession de Andrzej Zulawski fait parti de ces films que l'on peut inlassablement revoir sans jamais percer le charme qui émane de ces oeuvres.


Baudelaire en diable, romantique jusqu'au viscères, Zulawski charrie l'or et la boue, lorgne le ciel et sonde l'abîme. "Mystique à l'état sauvage", peintre des martyres, il signe avec Possession une oeuvre flamboyante hantée par Dieu et par l'Amour.
Car, dans ces dédales désertiques où il semble sans cesse à l'écoute de l'âme de ses personnages, Zulawski-le-Terrible filme avec une rare compassion. Dans un couloir de métro, l'héroïne accouche de substances maléfiques. A l'hystérie qui la saisit, répondent, fugaces, des plages de calme et de pureté extatiques. Aux blasphèmes ou défis sortis de la bouche des possédés répond le visage implorant d'Anna, devant un Christ suspendu dans une église : "Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?".
Au constat désespéré des époux qui réinventent la barbarie et s'endorment comme les gisant de pierre, répond la fiévreuse solidarité d'un couple en plein cauchemar. Zulawski récuse Dieu et le mythe de l'Amour platonicien. Mais s'il annonce l’Apocalypse, ses envolées folles et chimériques hurlent un besoin d'irrationnel et d'amour fou. Possession est un film démesuré, étourdissant, sublime.
Jean-Luc Douin in Télérama n°1637, 27/05/1981

Possession, avatar fantasmatique d'un cinéaste mystique de génie qui redonne un sens au mot "cinéma", antiréaliste, hanté par Dieu et le Diable, est un film qui, sans aucun doute, fera hurler - les "profanes" et les "initiés" - par son agression permanente des codes auxquels nous répondons d'ordinaire.
Max Tessier in Image et son - La Revue du cinéma n°361, 05/1981

Le film Possession est disponible en dvd sur theendstore.com

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