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Jean Rouch : 3 nouveaux dvd

L’œuvre de Jean Rouch (1917-2004) parait gargantuesque et en perpétuelle redécouverte. Le cinéphile devra attendre très longtemps avant de pouvoir revoir certains films du cinéaste ethnographe tant la restauration prend du temps face à une filmographie considérable. Les Éditions Montparnasse ont déjà proposé à travers diverses sorties un large spectre de son travail, notamment celui consacré à l'Afrique mais ces deux nouveaux titres prouvent que d'autres long-métrages documentaires sont encore à redécouvrir.

Chroniques d'un été / Edgar Morin et Jean Rouch (1960)

Paris 1960. Alors que la guerre fait rage en Algérie et que le Congo lutte pour son indépendance, Edgar Marin, sociologue, et Jean Rouch vont enquêter sur la vie quotidienne de jeunes parisiens pour tenter de comprendre leur conception du bonheur…

La version proposé ici est de 90 minutes. A l'origine le bout à bout fait par Morin et Rouch était de 4 heures, une durée déjà réduite puisque se sont pas moins de 20 heures qui ont été tourné. Dans un article des Cahiers du Cinéma, il a été évoqué que ces 20 heures soient proposés sous forme d'épisodes pour mieux rendre l'aspect prise de vue du quotidien parisien. Malheureusement cela ne semble plus d'actualité...

Passons au second titre à sortir au mois de mars 2012 qui fait partie des derniers travaux de Jean Rouch.

Madame l'eau (1993)

A la recherche de solutions pour lutter contre la sécheresse, Lam, Damouré et Tallou partent en Hollande, le pays de l’eau et des moulins. Ils ramènent dans leurs bagages un ingénieur néerlandais et le moulin démontable dont il est l’inventeur.

Nous ne savons que très peu de choses sur ce film qui fait partie des très nombreuses "ethnofiction" du cinéaste. Le film a reçu le Prix de la Paix à Berlin en 1993. A noter que le tournage de Madame l'eau a fait l'objet d'un autre film Rouch's gang (1998) signé Steef Meyknecht, Dirk Nijland et Joost Verhey.

Finissons par un documentaire de 52 minutes de Philippe Costantini sur l'hommage de Jean Rouch à Germaine Dieterlen, ethnologue de renom disparu en 1999, qui eut droit à un enterrement Dogon au Mali. Le film fait également figure de testament puisque Jean Rouch restera définitivement au Mali où il s’éteindra quelques semaines plus tard, le 18 février 2004.


Présentation de l'éditeur :
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En décembre 2003, Jean Rouch se rend au Mali, en pays dogon. Depuis la mort de Germaine Dieterlen avec qui il tourna les cérémonies du Sigui et plusieurs films sur les rituels funéraires, Jean Rouch souhaitait ardemment que des funérailles traditionnelles lui soient célébrées comme ce fut le cas pour Marcel Griaule (chef de la mission Dakar - Djibouti en 1931) qui révéla le peuple Dogon. Jean Rouch, fils spirituel de Marcel Griaule, retrouve ainsi à Sangha les fils des informateurs avec qui Germaine et lui travaillèrent tout au long de ces années de tournage et de recherche. Il évoque avec eux le souvenir de cette relation singulière établie par Marcel Griaule et poursuivie soixante ans durant par celle que les Dogons appellent “Madame l'Éternelle”. Fidèles au souhait de Jean Rouch, disparu brutalement avant la cérémonie prévue, les Dogons rendent leur hommage en inhumant un mannequin dans une grotte funéraire et élèvent ainsi cette grande dame au rang d'ancêtre.

“Ce devait être la cérémonie funéraire pour Germaine Dieterlen, ce fut aussi un peu celle de Jean Rouch (...). C'est ce moment étrange de passation des savoirs, cet adieu aux Dogons et à lui-même, que le film a saisi (...). Un bel hommage du village à celle qui était pour eux Yassiguiné, la soeur des masques. Pas seulement une ethnologue, une initiée donc, tout comme Rouch. Après leur départ, les Dogons n'ont pas seulement la mémoire de leurs dialogues avec Germaine, de leurs tournages avec Jean Rouch, ils ont aussi les photos de Germaine et de Jean. Et les films.” (Libération).

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