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The Swimmer / Le Plongeon | Frank perry (1968)

Depuis l'ouverture de la boutique, et ce, jusqu'à sa fermeture en mars dernier, The Swimmer fait partie des films que nous avons défendu ardemment. Sorte de film emblème de THE END, Le Plongeon représente à peu près tout ce que nous aimons : un réalisateur méconnu de talent, une star à contre courant, un scénario novateur, en définitive un film inoubliable et chaque vision provoque le même déchirement pour le personnage de Ned Merrill.

Le film sera diffusé mercredi 15 juin à 14h00 et vendredi 17 juin à 20h00 à la Cinémathèque de Nice.



Quand Ned Merrill s’invite en maillot de bain un après-midi d’été dans les villas d’une banlieue chic du Connecticut c’est l’occasion pour lui de démêler le fil de son existence en nageant de piscine en piscine pour rentrer chez lui. Et ce qu’il y trouvera ne correspondra pas forcément aux idéaux de vie qu’il s’est forgés...

Les histoires brèves et précises de John Cheever se sont toujours avérées l’excellent fourrage pour la télévision. The Swimmer de Frank Perry, adapté pour le grand écran par sa femme Eleanor Perry, est une tentative rare et réussie avec Parc de Arnaud des Pallières de transformer une histoire de Cheever en long métrage.
Il s’agit d’une adaptation d’une nouvelle de John Cheever du même nom, sortie en 1964, qui représente une métaphore de la vie d’un homme à travers sa volonté de traverser la vallée en nageant de piscines en piscines. De piscine en piscine, de valeurs en valeurs, le parcours du protagoniste montre l’univers des banlieues cossues de la côte Est des Etats-Unis, les cocktail-parties, les plaisirs de la chair portés à hauteur presque spirituelle, mais aussi la mélancolie, le mal-être dont souffre le personnage en quête de quelque chose qu’il ne sait nommer mais dont l’absence lui est insupportable.
Vêtu seulement en maillot de bain tout au long du film, Burt Lancaster joue Ned Merrill, un homme âgé, riche, qui se lance dans un voyage étrange et révélateur à travers ses sentiments et les souvenirs d’une mémoire endommagée. Ned Merrill choisit une façon inhabituelle de rentrer chez lui: traverser le comté où il vit à la nage par les piscines qui appartiennent à des amis et des connaissances. L’aventure n’est pas qu’un jeu pour le nageur. Mais à chaque étape, il se retrouve face à face avec un incident de son passé et il devient de plus en plus déçu par ce qu’il croyait être son mode de vie idéal. Le film de Frank Perry se construit comme un conte, démarrant par le merveilleux, le superficiel, il se termine par une dure mélancolie. Toute la première partie sans vouloir masquer l’étrangeté du but de Merrill, est complètement « 60’s » dans toute sa splendeur. Ambiance bucolique, ralentis, photographie colorée et pétillante, décors divins, cocktails. Quand sa compagne de route (l’ex baby-sitter de ses filles) brise le rêve en le laissant seul, Merrill se voit confronter à la vérité à laquelle il veut échapper. Ainsi Merrill continu sa route des piscines, but illusoire auquel il s’accroche mais le voile est tombé, laissant apparaître blessures, rancoeurs, amours déçus, lâcheté, échec social. Une vie qu’il a eu mais qu’il n’a plus pour des raisons qui nous resterons plus ou moins inconnues. Tout le long du film Merrill transporte avec lui un fantôme qui petit à petit va prendre forme, avec noirceur, à la fin de son périple, clôturant sa dépression.
Burt Lancaster est l’acteur parfait pour ce rôle. Il est remarquable en ex-apollon, le regard toujours ailleurs, comme noyé dans un vieux rêve. En dépit d’avoir 55 ans au moment où le film a été réalisé, il était en excellente forme physique. Cela contribue fortement à la façon dont le public l’estime au début. Il ressemble à un homme qui est sur le toit du monde. Dans une carrière de plus de quarante ans, dont trois nominations et un Oscar du Meilleur acteur pour Elmer Gantry le charlatan de Richard Brooks, c’est l’une des meilleures performances de Burt Lancaster.
Autour de lui, notons la belle blonde au regard bleu azur, Janet Landgard qui représente la jeunesse perdue de Ned et Janice Rule (The Chase d’Arthur Penn), qui joue son ancien amour, son ancienne maîtresse, définitivement perdue pour lui.
La musique est l’élément important du film. Pour envelopper ce rêve éveillé Frank Perry a eu le soutien de la magnifique partition de Marvin Hamlisch. Passant de la joie au trouble en un instant, complètement en adéquation avec son sujet, la musique du film représente le premier travail du célèbre compositeur pour le cinéma.
L’un des épisodes très intenses du film - la scène de la confrontation entreNed Merrill et son ex-maîtresse joué par Janice Rule - a été réalisé, sans crédit, par Sydney Pollack.


Source : Splendor Films

Le film est disponible en dvd auprès de THE END en VOSTF [inédit en France]
> theendstore(at)gmail.com

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