---------------------------------------------------------------------------------------------------

Made In Sweden : Bo Widerberg

Lorsque l'on évoque le cinéma suédois, le premier nom qui vient à l'esprit est Ingmar Bergman. Le réalisateur suédois décédé en 2007 reste encore aujourd'hui l'arbre qui cache la foret. Heureusement avec le dvd et des éditeurs courageux, le cinéphile curieux peut découvrir tout un pan du cinéma dont Bo Widerberg tient une place non négligeable.

Pour découvrir Bo Widerberg, nous vous proposons quelques extraits d'un article de Stig Björkman (critique et cinéaste suédois) paru dans les Cahiers du Cinéma (#651, p70-71) lors de la sortie de quatre films en dvd.

Bo Widerberg a longtemps été le réalisateur le plus marquant du cinéma suédois aux côtés d'Ingmar Bergman. On peut dire que le film suédois moderne - apparu au cours des années 60 - commence avec Widerberg et ses premières œuvres.
Widerberg était déjà l'auteur de quelques romans quand il publia, en 1962, Regards sur le cinéma suédois. Dans ce pamphlet, il plaidait pour un style cinématographique plus libre, pour des productions plus légères et meilleur marché et pour une esthétique adaptée à ces nécessités, bien loin des décors en carton-pate des ateliers du cinéma suédois et des modèles habituels des films commerciaux [...]
Widerberg montra lui-même l'exemple à travers ses premiers films : le péché suédois (1963), le Quartier du corbeau (1963) et Amour 65 (1965). Tous ces films dégagent une inhabituelle impression de proximité et d'émotion. Widerberg mit en lumière les paysages et les hommes oubliés de la Suède et leur offrit des images oubliés de reflétant çà la fois leur réalité et leurs rêves. Cette loyauté envers les hommes et leur milieu marque également le reste de son œuvre cinématographique. Ses idoles étaient la Nouvelle Vague française - Godard, Demy, Truffaut - et le jeune cinéma américain, surtout John Cassavetes et son premier film Shadows.


Une jeune ouvrière hésite entre un chanteur de rock et un jeune homme de bonne famille. Enceinte du premier, elle essaye de vivre avec le second. Les flirts, l'apparition du rock'n'roll, la condition des filles-mères, la vie en usine, les travaux ménagers, l'alcoolisme et la difficulté d'échapper à sa classe : voilà les thèmes de ce premier film fulgurant, se positionnant sur un pessimisme social qui tranche singulièrement avec les autres nouvelles vagues.



En suède, dans les années 70. Un homme a entrepris d'abattre systématiquement les policiers qui passeront à proximité de ses armes. Le commissaire Beck est chargé de l'enquête : il apparaît bientôt qu’un policier devient le principal suspect…

Tiré du roman L'Abominable Homme de Säffle écrit par Maj Sjöwahl et Per Wahlöö

Pendant longtemps le plus gros budget de production pour un film nordique, à la fois film d’action , film à grand spectacle, thriller et réflexion sur le fonctionnement des sociétés scandinaves et leurs rapports au politique, ce film est une adaptation d’ un roman de Sjowall et Wahloo, les créateurs du polar nordique dans les années 60 et 70.

BONUS: LE REALISME EN LIGNE DE MIRE (80 min, 2006, VOST): un remarquable documentaire revenant sur le tournage du film, la méthode de travail et la personnalité étonnante de Bo Widerberg en interviewant les membres de l'équipe, notamment Roy Andersson, alors assistant réalisateur de Widerberg.
+ Livret de 32 pages: 2 articles de Pierre Charrel, spécialiste du polar nordique: Un polar pour le peuple / Martin Beck et Kurt Wallander: police de proximité.




En 1889, un lieutenant de l'armée suédoise d'origine noble s'éprend d'une danseuse de corde, Elvira Madigan, qui travaille dans un cirque. Un amour fou les lie immédiatement et chacun abandonne ses devoirs. Le couple fuit un pays hostile à leur liaison illégitime et trouve un précaire refuge à la campagne ..... Mais les deux amoureux n'ont guère les moyens de survivre….

C'est une histoire vraie, très connue en Suède où l'on chante encore la complainte d'Elvira Madigan. Bo Widerberg en a fait un film romantique, passionné, hors du temps. À l'époque, ce romanesque choqua : on était alors aux films plus « sociaux », plus engagés, plus signifiants. Elvira Madigan, avec des images d'une grande beauté, souvent symboliques, montre la force irrépressible de la passion amoureuse.

BONUS: Livret 21 pages: interview de Bo Widerberg par Laurent Mathieu (1993) / critique de Jean Capdenac



1931, dans le nord de la Suède . C’est la première grève de l'histoire du pays, pour une augmentation de salaires. La tension monte entre les ouvriers contestataires et la direction de l’usine, soutenue par les politiques et l’armée. Kjell Andersson, le fils d'un docker s'éprend d'Anna, la délicieuse fille du directeur.

Cela commence comme une chronique intimiste et tendre et se termine comme une épopée sanglante, en un final tragique. Adalen 31 est, certes, un hommage à la politique social-démocrate de la Suède, mais c'est surtout un film d'une grande beauté, dont la photographie évoque la peinture impressionniste, et où tous les acteurs sont remarquables de sensibilité et de justesse.

Prix du jury – Festival de Cannes 1969


source : Malavida

Aucun commentaire: