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Independenza ! Part 12 : Doriane Films

Cela faisait un moment que nous n'avions pas évoqué un éditeur indépendant, le manque est réparé avec la disponibilité en boutique des titres suivants édité par Doriane Films.
Introuvable, Incontournable, Indispensable, voilà autant d'attributif pour qualifier le travail d'un éditeur qui creuse aussi bien dans les recoins de l'histoire du cinéma que dans les gloires passées (notamment dans leur collection "Typiquement British"). Le résultat (pour le cinéphile) est admirable.



Isadora - Karol Reisz (1968)
Un portrait poignant et haut en couleur de la célèbre danseuse américaine qui bouleversa l'art de la danse au XXè siècle et jeta les bases de la danse moderne contemporaine.

C'est avec maestria que Vanessa Redgrave incarne cette artiste extravagante, rebelle et avant-gardiste, en traversant avec la grâce de son corps et de son jeu la vie tumultueuse de la danseuse révolutionnaire, de la mère effondrée et de la danseuse bohème. Isadora, à présent vieillie, nimbée de vapeurs d'alcool et drapée de longues étoffes rouges, se penche sur son passé glorieux, entre la scène, les salons londoniens, la Russie communiste, puis la French Riviera... Avant de partir pour toujours dans un joli coupé Bugatti.

« Un des grands atouts du film est, évidemment, Vanessa Redgrave, capable de tout faire, y compris la frêle adolescente et la douloureuse épave ; y compris de danser. »

Michel Delahaye - Les Cahiers du Cinéma 1969

BONUS
Extrait de « Maïa », film de Dominique Delouche (les Films du Prieuré, 1999)
sur Maïa Plissetskaïa (10mn) :
> la danseuse étoile du Bolchoï dans le ballet « Isadora I »
que Maurice Béjart avait créé pour elle.
> Maurice Béjart et Maïa Plissetskaïa parlant d'Isadora.


Un gout de miel - Tony Richardson (1961)

Jo, une petite collégienne un peu gauche, vit à Manchester avec sa mère Helen qui se soucie plus de se trouver un nouvel amant que de s’occuper de sa fille. Un soir que sa mère l’a mise dehors pour vivre une nouvelle aventure amoureuse, Jo vit une brève idylle avec un marin noir qui repart dès l’aube. Enceinte, et abandonnée par sa mère qui s’est mariée, elle rencontre Geoffrey, un jeune homosexuel qui lui propose de vivre à ses côtés. Mais la mère ne l’entend pas de cette oreille.

Un film mémorable signé par un des maîtres du cinéma britannique des années 60. Une œuvre qui brise des tabous encore puissants à l’époque du tournage : l’homosexualité et le rapport sexuel interracial.


BONUS
« Momma don’t allow » de Tony Richardson et Karel Reisz. 1956. Un des films du programme Free Cinema.


Un dimanche comme les autres - John Schlesinger (1971)

Alex, ravissante jeune divorcée, et Daniel, médecin quinquagénaire, partagent les faveurs de Bob Elkin, jeune artiste londonien bisexuel. Quand il n’est pas en compagnie d’Alex, Bob se glisse dans le lit de Daniel.

Par peur de perdre leur Apollon, Alex et Daniel préfèrent tolérer ce Vaudeville – quitte à en souffrir. Car aucun d’entre eux n’aura jamais la préférence du jeune bohême insouciant. Avec la crise économique des années 70 en toile de fond, dans un Londres brumeux.
Une étude de moeurs très en avance sur son temps dans l’histoire du cinéma britannique : un des premiers films à parler ouvertement de la liberté de mœurs et de l’amour homosexuel masculin. Les protagonistes ne sont pas pour autant présentés comme des marginaux, mais comme des gens aux prises avec des difficultés amoureuses, et dont le désir fait doucement craquer le corset victorien.



Samedi soir, dimanche matin - Karol Reisz (1960)

Ouvrier tourneur dans une usine de Nottingham, Arthur Seaton oublie son travail abrutissant quand arrive le week-end. Là, il partage son temps entre le pub où la bière coula à flots, le lit de son amante Brenda, une femme mariée à l’un de ses collègues et les parties de pêche. Alors qu’il vient de rencontrer une belle jeune fille, Brenda lui annonce qu’elle est enceinte de lui. Cette nouvelle bouleverse le jeune homme qui va devoir se sortir de ce mauvais pas.

Arthur Seaton est par excellence le « working class hero » des jeunes hommes en colère anglais des années 60. Karel Reisz signe là une œuvre majeure, un succès phénoménal qui ouvre la voie du réalisme social britannique. Un cinéma qui parle, sans mépris ni angélisme, de la classe ouvrière qui jusque là n’avait pas souvent le droit à la parole – ni à l’image.

« Une évocation chaleureuse et , somme toute, nostalgique d’une Angleterre en voie d’extinction, celle des paisibles réunions familiales, des pubs enfumés et des sorties dominicales à bicyclette, comme eût pu la filmer John Ford »


Claude Beylie – Films - clés du cinéma

BONUS
Court métrage « We are the Lambeth Boys » de Karel Reisz. 1959. Un des films du programme Free Cinema


Les corps sauvages - Tony Richardson (1959)

Jimmy Porter est le type même de l'écorché vif, instable et agressif. Sa vie dans une petite ville du nord de l'Angleterre est d'une monotonie exaspérante, qui se partage entre un foyer étouffant, la vente de bonbons sur les marchés et un club de jazz. Réalisant la banalité de son existence, il s'en prend, au cours de colères subites, à ceux qui vivent auprès de lui.

Un film qui marque le renouveau du cinéma anglais au début des années 1960. C'est avec cette vibrante adaptation de la pièce de John Osborne, « Look Back In Anger », que Tony Richardson lança le mouvement des jeunes hommes en colère, groupe d'artistes contestataires, déçus par le travaillisme et en rébellion contre l'Establishment.



Le prix d'un homme - Lindsay Anderson (1963)

Jeune mineur du nord de l'Angleterre, Franck Machin vit dans une chambre de bonne. Il tombe fou amoureux de sa logeuse Margaret, une jeune veuve ravissante. Son destin bascule le jour où il devient joueur vedette du club de rugby local. L'argent coule à flot, les femmes lui courent après... mais les honneurs ne parviennent pas à calmer la colère de cet homme rageur, séducteur et brutal. Surtout quand la belle Margaret se refuse à lui...

« Le regretté Richard Harris (1930-2002) aimait les femmes, l'alcool et, par-dessus tout, le rugby. "J'échangerais volontiers tous mes films contre la fierté d'avoir porté, ne serait-ce qu'une seule fois, le maillot de l'équipe d'Irlande", assurait l'acteur »
Samuel Douhaire - Télérama

« Lindsay a fait seulement cinq ou six films de fictions... Mais quels films! »
Claude Chabrol

Le Prix d'un homme est le premier long métrage de Lindsay Anderson, chef de file de la mouvance britannique du Free Cinéma. Ce chef-d'œuvre est emblématique du mouvement des "jeunes hommes en colère", artistes de théâtre et de cinéma révoltés contre l'establishment et profondément déçus par le travaillisme dont les hérauts avaient promis une société plus juste.

BONUS
« O'Dreamland » (1953) de Lindsay Anderson, court métrage du Free Cinéma


La solitude du coureur de fond - Tony Richardson (1962)

Par un soir d’hiver, à Nottingham, Colin Smith et son comparse cambriolent une boulangerie et s’enfuient avec la caisse. Le jeune Colin est arrêté et aussitôt envoyé en maison de redressement. Là, le directeur va vite découvrir ses talents de coureur de fond. Il en fait son favori et le soumet à un entraînement intensif.

C’est pendant ces longues courses solitaires que le jeune homme s’évade en rêveries, déroule le film de sa vie passée, avec ses douleurs familiales et ses joies amoureuses. Ses prouesses font espérer qu’il gagnera le cross-country opposant les gars du centre à de jeunes privilégiés d’une école voisine. Rebelle et contestataire, Colin finira pas refuser de jouer le jeu de l’institution… Un final bouleversant.

Inspiré d’une nouvelle d’Alan Sillitoe, cette œuvre unique, dans la veine du Free Cinema anglais, est une féroce dénonciation de la violence sociale. Elle tire sa force poétique et politique de la qualité du scénario et de la réalisation, mais surtout de l’époustouflante interprétation de Tom Courtenay.



Joseph Andrews - Tony Richardson (1977)

Dans la campagne anglaise, en plein 18è siècle, Joseph Andrews, bel Adonis aux cheveux bouclés, est abandonné dès son plus jeune âge chez la sulfureuse Lady Booby. Bientôt séduite par ses charmes, la maîtresse dévergondée tente de l’initier aux délices de l’amour – de gré ou de force. Mais Joseph, éperdument amoureux de Fanny, ma belle oie blanche, résiste et est jeté dehors. Parti sur les routes, tel un Don Quichotte dans les prés anglais, Joesph Andrews vit des aventures rocambolesques. Il se retrouve dépouillé par des bandits, victime de qui pro quo, coupable d’amours interdites avec sa dulcinée, pour finalement résoudre, dans un happy end savoureux, le mystère de ses origines.

Une comédie haletante et haute en couleur, adaptée du célèbre roman de Henri Fielding, qui passe au crible l’hypocrisie des classes dominantes et raconte avec truculence les méfaits des fausses vertus chrétiennes. En costumes d’époque ! En 1978, Ann-Margret a été nominée au Golden Globe pour le meilleur second rôle féminin.


I was soldier - Michael Grigsby (1970)

En 1970, Michael Grigsby prend sa caméra et part filmer trois jeunes Texans récemment rentrés du Vietnam. Là, au cœur de l’Amérique profonde et poussiéreuse, les jeunes gens vont progressivement se livrer au réalisateur, étonnés de rencontrer des hommes qui s’intéressent à eux et à leur histoire. Car depuis leur retour, Lemar, Delis et David se heurtent à l’incompréhension des leurs. Comment comprendre ? Et d’abord, comment expliquer leur effet ? C’est leur regard à la fois absent et hanté, par un humaniste, qui nous informe sur ce qu’ils ne pourront pas oublier.

Michael Grigsby est un grand documentaire anglais, dans la lignée des Grierson, Jennings, et Anderson. Il a participé au mouvement du Free Cinema et a réalisé une trentaine de films traitant de réalité sociale et politique de notre monde contemporain.

BONUS
> Gravel and Stones (25min -2007)
Trois victimes du désastre cambodgien parlent de leur vie au quotidien.
> The Score (13min – 1998)
Un court-métrage musical sur les supporters de football.
> A propos de I was a Soldier (15min – 2008)
Entretien avec le réalisateur Michael Grigsby


Février 1956. Ceux qui allaient devenir les hérauts de la Nouvelle Vague britannique décident de se regrouper pour faire connaître leurs films : Lindsay Anderson, avec ses amis Karel Reisz, Tony Richardson et Lorenza Mazetti, présentent leurs courts-métrages au National Film Theatre de Londres. Le Free cinema est né - mouvement fondateur de l’histoire du cinéma anglais, précurseur du réalisme social de la fin des années 50 et du début des années 60. La première programmation est si retentissante que cinq autres programmes Free Cinema vont suivre. Ce coffret présente les 11 films des trois programmes anglais du Free Cinema (les 3 autres ayant été consacrés à des cinéastes étrangers), 5 films tournés plus tard, mais clairement inspirés de ce mouvement, ainsi qu’un documentaire exclusif présentant des entretiens avec les réalisateurs de l’époque.

Le Free Cinema se définit avant tout comme une vision nouvelle du métier de cinéaste tranchant avec l’orthodoxie conservatrice du cinéma dominant. Documentaires souvent produits grâce au bfi Experimental Fund, ces films racontent en toute liberté l’histoire des petites gens, leur quotidien, leurs loisirs et leur désarroi. En donnant la parole à ceux qui en sont le plus souvent privés, ces réalisateurs remettent en cause l’establishment et livrent un commentaire humain et poétique sur le monde qui les entoure.

DVD 1
Free Cinema 1
O Dreamland (Un Endroit de rêve) (1953)
Momma Don’t Allow (1956)
Together (Together) (1956)
Free Cinema 3
Wakefield Express (1952)
Nice Time (Un peu de bon temps)(1957)
The Singing Street (La Rue aux chansons) (1952)
Every Day Except Christmas (Tous les jours sauf Noël) (1957)
DVD 2
Free Cinema 6
Refuge England (L’Angleterre, ce refuge)(1959)
Enginemen (Les Cheminots) (1959)
We Are the Lambeth Boys (C’est nous les gars de Lambeth) (1959)
Food for a Blush (De quoi rougir) (1959)
DVD 3
Le Free Cinema, et après ; d’autres films inspirés de ce mouvement
One Patato, Two Patato (Une Patate, deux patates) (1957)
March to Aldermaston (Marchons sur Aldermaston) (1959)
The Vanishing Street (Une rue disparaît) (1962)
Tomorrow’s Saturday (Demain, c’est samedi) (1962)
Gala Day (Jour de Gala) (1963)

BONUS
> Small is beautiful, le Free Cinema raconté par ses inventeurs.


Sex Power et Un Été américain de Henry Chapier

Sex Power - (1970)
Avec Jane Birkin, Bernadette Lafont, Alain Noury et Juliette Villard - musique de Vangelis
Un poème onirique sur la recherche d'une femme idéale à travers l'errance à la fois réaliste et rêvée d'un jeune homme traversant le désert saharien, ces champs pétrolifères, les rivages californiens de Big Sur ou les décors des studios hollywoodiens pour mener cette folle quête.

Un Été américain - (1968)
Sous-titré en français
Ce docu-fiction, l'un des premiers du genre, illustre un moment unique de la jeunesse américaine des années 60. Celui où les Blancs du campus de Berkeley intègrent à leurs combats contre le pouvoir la cause des Noirs. On y découvre l'émergence du mouvement des Blacks Panthers, leurs meetings féroces et leurs entraînements militaires.
« Peace and freedom » reste le slogan de cette époque où Blancs et Noirs se battent côte à côte pour leurs droits et leur liberté...




« Au départ, la naïveté est nécessaire ; c'est elle qui permet de vivre les désirs. Ceux-ci pourtant ne prennent leur sens que s'ils débouchent sur une pratique. Il faut rompre avec les méthodes qu'utilise en général la société, s'inventer une nouvelle manière de vivre, d'aimer, de travailler, de sentir. Cela Renart ne le comprend pas. Il reste accroché aux vieilles méthodes et se retrouve finalement prisonnier de l'ancienne morale. Peut-être n'est-il pas assez courageux ou suffisamment outillé pour changer ; peut-être n'est-il pas assez plein de son désir ? Pour fonder une famille, il choisit une femme pour laquelle il n'a pas une passion, mais un devoir, un sentiment fraternel. Cela ne suffit pas. »
Michel Soutter



Quatre films de Michel Soutter (1932-1991)

Le cinéaste suisse romand Michel Soutter est né à Genève en 1932. Entré à la télévision suisse romande en 1961, il écrit et réalise d'abord des dramatiques. En 1967, il tourne La lune avec les dents. Ce premier film ouvre la brèche du nouveau cinéma suisse dont il est le précurseur avec ses camarades Alain Tanner et Claude Goretta. Auteur de dix longs-métrages de fiction, Michel Soutter réalise aussi de nombreuses émissions pour la télévision, des téléfilms, et connaît une importante carrière de metteur en scène au théâtre et pour l'opéra. Au cinéma il travaillera notamment avec Jean-Louis Trintignant et Marie Dubois (L'Escapade, 1972), Jean-Louis Trintignant, Delphine Seyrig, Léa Massari et Valérie Mairesse (Repérages, 1977), Heinz Bennent, Pierre Clémenti et Jean-Marc Bory (L'Amour des Femmes, 1981), Pierre Arditi (Condorcet, 1989).

La Lune avec les dents - (1966)
16mm N/B gonflé en 35, 78'
Festival de Locarno 1967

Avec William Wissmer, Noëlle Frémont, Desko Janjic, Michel Fidanza, Gérald Ansermet
Image : Jean Zeller
Son : Rose-Marie Jenni
Montage : Eliane Heimo
Musique : Jacques Olivier
Production : Anita Oser et Michel Soutter

DVD 1 - BONUS
> Mick et Arthur
court-métrage, 1965, 16mm, 30'
Une Poule sur un mur - Rigolades dans un HLM
court-métrage réalisé pour la Télévision suisse romande, 1965, 16 mm,12'
Cinéma Vif
> entretien avec Michel Soutter et l'équipe du tournage de « La Lune avec les dents », réalisé par la Télévision suisse romande, 1967, 16 mm, 42'

Haschich - (1967)
16mm N/B gonflé en 35, 80'
Festival de Locarno 1968, Semaine des Cahiers du cinéma 1968

Avec Edith Scob, Dominique Catton, Gérard Despierre, Marcel Vidal, Violette Fleury
Image : Jean Zeller
Son : Rose-Marie Jenni
Montage : Eliane Heimo
Musique : Jacques Guyonnet
Production : Anita Oser et Michel Soutter

DVD 2 - BONUS
> Les Métiers de la banque
court-métrage réalisé pour la Télévision suisse romande, 1966, 16mm, 25'

> René Char
portrait du poète à l'Isle-sur-la-Sorgue, réalisé pour la Télévision suisse romande, 1967, 16mm, 23'

La Pomme - (1968)
16mm N/B gonflé en 35, 98'
Festival de Locarno 1969, Quinzaine des Réalisateurs,Cannes 1969

Avec Elsbeth Schoch, André Widmer,Claudine Berthet,Antoine Bordier, Pierre Holdener, François Rochaix
Image : Simon Edelstein
Son : Marcel Sommerer
Montage : Eliane Heimo
Musique : Jacques Olivier, J.S. Bach
Production : Anita Oser et Michel Soutter

DVD 3 - BONUS
Impressions de cinq femmes sur le célibat
documentaire réalisé pour la Télévision suisse romande, 1968, 16mm, 48'

James ou pas - (1970)
16mm N/B gonflé en 35, 88'
Quinzaine des Réalisateurs, Cannes 1970

Avec Harriett Ariel, Jean-Luc Bideau, Serge Nicoloff, Nicole Zufferey, Jacques Denis
Image : Simon Edelstein
Son : Marcel Sommerer
Montage : Yvette Schladenhaufen
Musique : Guy Bovet, Frédéric Chopin
Production : Arado-film/le groupe 5/Télévision Suisse

DVD 4 - BONUS

Les Nénuphars
dramatique écrite et réalisée par Michel Soutter pour la Télévision suisse romande, 1972, 65'
Avec François Rochaix, Jean-Luc Bideau et Jacques Denis


Michel Soutter, dans les Arpenteurs, ne raconte pas une histoire qui, de l'exposition du thème à son dénouement, se soumet aux conventions du récit traditionnel. Pourtant, il bâtit, à la manière précise d'un horloger, un divertissement dont le mécanisme est proche de celui d'un vaudeville : afin de rendre service au lunaire Lucien, Léon, grand bavard qui arpente dans le secteur, accepte de porter chez Alice un panier de légumes. Il y trouve Ann, qu'il prend pour Alice et qui le reçoit avec une telle gentillesse qu'il en oublie le panier vide. Il vient donc le chercher un peu plus tard et découvre Alice qui finit par deviner qu'une mystérieuse idylle s'est nouée dans sa chambre, dénouée sur son lit...

BONUS
> Mick et Arthur, premier court-métrage de Michel Soutter, 1965, 30 mn
> Entretien avec le cinéaste à l'occasion de la sortie de son premier long métrage La Lune avec les dents, 1967, 14 mn
> Une manière de faire, documentaire. Avec Alain Tanner, Marie Dubois, Freddy Buache, Adrienne Soutter-Perrot et Simon Edelstein, 2003, 55 mn



Jacquie est une belle fille blonde de vingt ans qui traîne son spleen avec un guitariste. Le générique achevé, ils se quittent bons amis. Elle retourne alors chez sa mère à Palavas-les-Flots, où elle retrouve les copains d'enfance, une mère popote (Paulette Dubost, parfaite), et une soeur mal mariée. Jacquie met alors les pieds dans le plat et dénonce une morale bourgeoise qui lui sort par les yeux. Pour autant, ce n'est pas une intellectuelle et elle ne possède pas de réponse toute faite. Elle saute donc d'aventure en aventure, veut vivre à son gré et se heurte à l'impossible.

Au moment de sa sortie, en 1964, La Dérive défie les conventions, trace un portrait sans complaisance, mais d'une rare tendresse, d'une fille un peu paumée, d'une godiche capricieuse. Un hymne léger à l'émancipation féminine, où l'on découvre que l'insoumission n'est pas l'apanage des garçons. Tourné en noir et blanc avec très peu de moyens, le plus souvent en décors naturels dans la région de Montpellier, le film est dans le style de la nouvelle vague. A l'époque, les censeurs, choqués par la liberté de ton et de moeurs de l'héroïne, avaient interdit le film aux moins de 18 ans, le privant ainsi d'un succès commercial auquel il aurait pu prétendre.

BONUS
> "Dany, entrez dans la danse" court métrage de Paula Delsol réalisé en 1958 sur les déboires amoureux d'un jeune homme tombé amoureux d'une fille de joie
> Pierre Barouh, qui chante la chanson du film
> Interview et carnet de tournage de la réalisatrice
> Filmographie de la réalisatrice

"Je suis ému - je sors de "la Dérive" - on n'est jamais allé plus loin avec cette audace tranquille."
Jean Rouch

"Par son audace, la dérive ne peut etre comparée qu'aux tout premiers films d'Ingmar Bergman."
François Truffaut



Culloden - (1964)
Version originale anglaise, sous-titres français, 69mn

Culloden, en Écosse, 1746. Les soldats anglais affrontent les paysans fatigués, mal armés, des clans des Highlands. La bataille tourne au massacre, plus de 1000 écossais sont tués, au moins autant seront abattus pendant la chasse à l'homme qui suit. La culture des clans s'est effondrée pour toujours...
En filmant cette bataille comme un reportage de télévision, Peter Watkins en montre toute l'horreur.


« Une expérience inoubliable. Une technique complètement nouvelle et totalement audacieuse. Je n'ai jamais reçu un tel choc en voyant un film de télé. »
The Observer

La Bombe - (1965)
Version originale anglaise, sous-titres français, 48mn

La guerre froide. Peter Watkins imagine que par suite d'incidents à Berlin, l'escalade dans les "ripostes" entre les deux puissances aboutit à une attaque atomique russe sur l'Angleterre. Les milliers de victimes, la ridicule insuffisance des mesures de protection prévues pour les civils, la détresse des survivants, le retour à la barbarie face à la pénurie, tout est montré dans le style des actualités, en s'appuyant sur ce qui s'était passé à Nagasaki et Hiroshima.

« Un film terrifiant de 50 minutes qui nous fait réfléchir pendant des heures. »
Le Canard Enchaîné

« La Bombe est un film exceptionnel, même si certains spécialistes pensent que Peter Watkins est encore en dessous de la vérité. »
Le Monde

La Commune - (2000)
Version originale française, sous-titres anglais, 345mn

Peter Watkins a réalisé une fiction sur la Commune comme un documentaire contemporain pour, dit-il : "Insuffler à l'histoire figée des historiens, l'énergie épique de l'immédiateté". Pour raconter la Commune il montre une télévision aux ordres (Télévision Nationale Versailles) qui débite des informations lénifiantes, tandis qu'une télévision libre jaillie du Paris insurgé s'efforce de capter la fureur populaire.

« Un ovni dans le paysage audiovisuel : une œuvre à part, belle et crispante, qui dynamite les mécanismes de création habituels. »
Les Inrockuptibles

Punishment Park - (1971)
Version originale anglaise, sous-titres français et Allemands, 88mn

« Punishment Park est une grande leçon de cinéma, d'oû est exclu tout didactisme. Il s'agit actuellement du seul parc d'attraction qui vaille vraiment le détour. »
Le Monde

« Il y a plus d'un quart de siècle, ce fut un choc. Utilisant avec une virtuosité stupéfiante toutes les techniques du reportage télévisé, Peter Watkins filme la course dans le désert imposée aux marginaux ou révolutionnaires, réels ou supposés, arrêtés après que le président américain eut décrété l'état d'urgence. Cinéaste rebelle auquel son originalité et sa maîtrise garantissent de rester à jamais unique, Watkins prend tout le monde au piège. En 1971, cela vous faisait froid dans le dos. Aujourd'hui, c'est toujours aussi impressionnant. »
Le Nouvel Observateur

The Gladiators - (1968)
Version originale sous-titres français, 85mn
Dans un avenir proche, en Suède, des gladiateurs des temps modernes s'affrontent lors de jeux de massacre télévisés. L'épisode du jour, qui oppose des commandos chinois et occidentaux, sera momentanément perturbé par la "trahison" amoureuse d'un Anglais et d'une Chinoise qui ne se conforment pas au Système. Dans ce film pacifiste et critique du pouvoir médiatique, il suffit d'appuyer sur un bouton d'ordinateur pour donner la mort. Jusqu'où la manipulation télévisuelle peut-elle aller ?

« Peter Watkins est un réalisateur que j'admire beaucoup. Dans tous ses films, la colère et le vif intérêt pour les problèmes majeurs de notre société le distinguent de l'ensemble de ses contemporains britanniques. Eux cherchent rarement à changer la société avec leurs films : Watkins s'y efforce tout le temps. C'est pour cette raison qu'il a été couvert d'opprobre. Et aujourd'hui sort "Les Gladiateurs", tourné en Suède, et dans la droite lignée de ses explorations clairvoyantes du monde social. »
The Illustrated London News

BONUS
> Les 2 premiers courts métrages de Peter Watkins
> The Diary Of An Unknown Soldier et Forgotten Faces
> Interview de Peter Watkins
> Articles et documents sur les films

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